Noé Soulier m’a un peu saoulé

Je suis allé sans apriori au spectacle de Noé Soulier à la Biennale de la Danse de Lyon. Je ne savais même pas qu’il s’appelait «Mouvement sur mouvement», J’avais aucune idée de ce que j’allais voir. Je préfère comme ça.

«Noé Soulier a beau être jeune, c’est une encyclopédie : toutes les danses l’intéressent, classique, contemporaine, et ce, sans limite. Parce qu’au fond, ce qu’il traque un peu partout ce sont les gestes qui racontent quelque chose» dit la page officielle de la Biennale pour présenter ce spectacle.

Perso, j’avais même pas lu ça.

On arrive a un spectacle de la Biennale de la Danse à l’amphi de l’Opéra de Lyon, les lumières s’éteignent et il y a ce gentil garçon qui sort vêtu d’un t-shirt et un pantalon a pinces. Gris, tout gris. Pourquoi pas. Puis il commence a faire quelques gestes de danse, plutôt mécaniques. A sec, sans musique. Pourquoi pas.

Après quelque minutes il refait les mêmes gestes, et il commence a les expliquer. Avec une traduction en Anglais derrière. Pourquoi pas.

Petit a petit on sent qu’il commence a expliquer mécaniquement ces gestes chorégraphiques mécaniques, a les décortiquer et les analyser dans un ton monotone. Au début on se dit «pourquoi pas», on va essayer d’écouter…

Mais il fait si vite, si mécanique, si monotone qu’on ne retient pas grande chose. En plus c’est un analyse sans vrai analyse, on n’apprends pas les secrets de la maitrise du corps, la beauté des gestes, ce qui ressent le danseur en dansant, ce qui pourrait être très intéressant.

Son texte, enroulé en spirale, appris par coeur, et très répétitif. Comme un mantra.

En pleine digestion du burger  pris peu avant je m’assoupis. Je commence a décrocher et a le voir agir comme si moi-même je regardait la scène de l’extérieur, dans un univers parallèle (c’est ce qu’il dit de soit même a un moment de son speech).

J’ai l’impression d’écouter répéter un jeune thésard quelques jours avant le grand orale. Il a bien appris la lesson. Ça oui, y a pas de doute.

Du coup il me fait penser aux traumatismes provoqués par l’enseignement de haut niveau. Que c’est soit pour la danse, la musique… la méthode pédagogique d’élite peut laisser des traces.

Je pense que ce que je vois -de l’extérieure, dans mon nuage- c’est surement un produit de cette discipline acharnée. Il est tout gentil ce Noé Soulier, on apprécie qu’il  est un très bon danseur, oui, oui.

Mais on ne va pas a un spectacle de la Biennale de la Danse pour avaler un analyse intellectuel mais sans profondeur sur le «geste oblique» déballé d’un seul trait, sans presque respirer.

On apprécie que Soulier est un bon danseur, mais franchement, il n’est pas un communicateur.

Je regarde autour. Je vois qu’une bonne partie du public est aussi perplexe, ils avalent, patients. Une dame dort.

L’amie qui m’avait invité s’est excusée de l’avoir fait.

Si non c’était bien.

Rothko baila

Carolyn Carlson / Blue Lady. Foto del CCN

¿Arte contemporáneo bailado? Personalmente, me siento algo lejana del arte contemporáneo.  Algunas obras se interpretan mejor. Otras van acompañadas del clásico «sin título».

A lo mejor el artista no pretende que entendamos, pero que por lo menos sintamos,  de alguna manera. Y en eso radica todo lo demás, en la sensibilidad de cada uno para ver y sentir el arte.

Mark Rothko pintaba cuadros bicolores en su mayoría. A simple vista, dos colores superpuestos no dicen demasiado. Sin embargo con Rothko algo ocurre. Si observas fijamente una de sus obras descubres que detrás de esos colores, el cuadro puede cambiar

Mark Rothko

y transformarse. De cada uno emana una fuerza y una intensidad muy particular, como si te obligase a quedarte frente a él, y observar.

Esta noche en el Teatro Coliseo de Roubaix, cerca de Lille, el bailarín finlandés Tero Saarinen me ha explicado, bailando,  que él también siente, y mucho, delante de un cuadro de Mark Rothko. Dirigido por la todopoderosa norteamericana Carolyn Carlson, Saarinen hace un sólo de 22 minutos basándose en la vida de Rothko.  Sobre el escenario, cinco focos y una mesa de artista con tubos de pintura.

En Man in a room, el finlandés interpreta a un artista que vive en la locura. Un hombre que, a través de su pintura,  se empeñó en entender la naturaleza humana. Como si para entender al hombre, tuviésemos que volver a las pinturas rupestres.

Tero Saarinen / Man in a room / foto del CCN

Saarinen interpreta a un artista que tras la Guerra del 45 quiso «volver a empezar». Quiso volver a nacer. Fueron los principios de la pintura abstracta. Y el finlandés baila esos cuadros cuyos colores hechizan. Consigue llevarte a aquel momento en el que delante de un «Sin título» de Mark Rothko te diste cuenta de que el pintor te estaba gritando algo, te estaba instando a sentir un mundo nuevo.